Frater Sinister › Frater Sinister

Mouais. Frater Sinister n'a pas vraiment fait mouche pour sa première démo, qui comporte néanmoins ses petites bonnes surprises. On va de suite commencer par ce qui est bon, outre une intro agréable accordéon/piano/clavecin/cordes sur fond de pluie, je le résumerai en un titre: "L'Arcane Sans Nom". Du black sympho très classique qui réunit des thèmes simples mais habilement joints, avec de légères dissonantes intéressantes, et une structure originale qui amenuise imperceptiblement les instrumentations pour aboutir sur une phrase de fin extrêmement élégante, flottant vers un ultime chuchotement. Un thème/développement que le groupe n'a malheureusement pas su reproduire. La guitare y est souvent strictement mélodique en double croche, et les claviers cordes/cheurs sont soutenus autant en lead qu'à la basse, ce qui m'amène à l'idée qui sauve le disque: une contrebasse à l'archet samplée à la place d'une basse, un parti-pris intéressant qui permet d'y assoir une mélodie au lieu d'une section rythmique, et renforce la tournure orchestrale en "courbant" les phrases musicales, c'est à dire que les modulations sont plus fluides. Et là ça se gâte. En effet du coup il aurait fallu une boîte à rythmes un brin plus présente et surtout moins moche; molle et acide, crispante dans les blasts les rares fois où ils sont perceptibles, elle est en constant retrait et vu qu'il n'y a plus qu'elle pour assoir une rythmique, on perd vraiment en consistance et un désagréable sentiment de longueur apparaît, d'autant plus vexant qu'il aurait pu être évité. Car une fois la mesure plantée, le schéma s'exécute souvent pendant toute la chanson, et souvent on aimerait que ça bouge un peu surtout si on tient compte de la longueur des compos. Si la linéarité rythmique sied parfaitement aux passages planants, c'est sur les nombreux arpèges que le principe s'essoufle. "Witchcraft" d'Obtained Enslavement est indéniablement mis à l'honneur, Frater Sinister en a bien assimilé le déroulement des phrases (un peu trop parfois), mais de deux choses l'une: soit on explose littéralement les arrangements, soit on met un peu de bonne volonté sur les rythmiques. Ensuite le chant. Bon. Ben les déclamations encore, pourquoi pas ça met toujours dans l'ambiance, mais la voix black est trop en avant. Ultranumérisée et pas vraiment puissante, son unique mérite est de permettre la compréhension des paroles, ce qui est tout compte fait dispensable quand on découvre les paroles en français. Je suis conscient qu'il est difficile d'écrire dans notre langue mais le résutat est malheureusement extrêmement kitch, en particulier dans la diction. Donc voilà une démo moyenne et passe-partout si on exclut "L'Arcane Sans Nom", un peu poussive et à la prod assez bancale.