M.s.b.r. › Euro Grappling Electro

Parce qu’il n’y a pas que Masami Akita dans la vie, laissez-moi vous présenter un autre japonais ayant acquis un statut culte dans le milieu de la japanoise non seulement par ses nombreuses sorties (solo, split, collaborations) sous le nom M.S.B.R. mais aussi pour son action permanente – magazine ‘Denzatsu’, mailorder, boutique, organisations de soirées – qui a permis à la scène de se développer, à l’image d’Emil Beaulieau aux Etats-Unis avec RRRecords. Comme beaucoup d’artistes du genre, il aimait à multiplier les sorties à faible tirage et sur des supports DIY (cassettes, CDr) et faisait donc office de rouage de premier ordre dans le fonctionnement un peu anarchique de ces milieux underground. Sur Euro Grappling Electro, la noise n’est pas agressive, évoluant plutôt comme des masses sonores lentes et évolutives, parfois presque au ralenti. Comme chez Merzbow ou Le Syndicat, la philosophie de Koji Tano n’était pas dans la violence mais dans la puissance et l’avènement glorifié du monde des machines et de son étape ultime – l’obsolescence de l’Homme. Trente-cinq minutes de grondements de machines qui semblent travailler, parfois s’emporter, parfois même discuter – il les faisait parler, s’emporter, s’énerver tel un chef d’orchestre interprétant un concerto pour scierie à métaux. Si ma chronique est au passé, c’est aussi pour rendre hommage à sa triste disparition il y a de cela deux ans (à l’âge de 44 ans). Steinklang Industries lui a rendu un brillant hommage sous forme d’une net-compilation de 10 heures réalisée par des artistes de tous les horizons post-industriels. Du reste, les CDr et les disques en acétate ayant une durée de vie limitée, seules ses cassettes et ses collaborations rendront vraiment compte de son apport à la scène qui a perdu là un précieux allié.