C.C.C.C. › Early Works

Pour ceux à qui il viendrait l’idée de s’approprier ce magnifique objet sorti cet été, accrochez-vous à votre string, parce que son écoute n’est pas de tout repos. Huit titres pour quatre CDs, pour une compilation qui aurait mieux fait de s’appeler « Early lives » au vu de son contenu. Et les néophytes s’éloigneront discrètement de CCCC tant leur son est puissant et impénétrable – bien plus que Merzbow -, sans même parler de la qualité très lo-fi des premiers enregistrements. Quatre heures de harsh noise psychédélique qui retrace l’histoire de ce groupe formé par le couple Mayuko Hino et Hiroshi Hasegawa autour de 1990, pour des fins cosmiques et érotiques, comme en atteste les performances de Mayuko, accessoirement actrice X, qui aime à se faire couler de la cire sur les seins en soutien au bruit de fond (autre pays, autre mœurs). Le premier live est le plus ‘raw’, heureusement s’ajoute dès le second un batteur – autoproclamé, comme le raconte le livret – du nom de Fumio Kosakai ainsi que Ryuichi Nagabuko à la basse. Voilà toute l’originalité de CCCC dès le ‘Live at Gospel #2’, qui au fil des performances précisera son propos tandis que le son s’améliore progressivement. Un son extrêmement dense mais étonnamment fluide, comme autant de passages de Sukhoi SU-27 dans le tunnel du Mont-Blanc. Arrive l’extraordinaire ‘Phantasmagoria’, réédition d’une cassette introuvable à la production impeccable et une ‘petite’ gâterie supplémentaire de vingt minutes, seul titre studio de la compilation, qui se trouvait à l’origine sur une compilation du label Freak Animal Records. Très bonne initiative de la part de No Fun productions (chez qui l’on retrouve Consumer Electronics, Prurient, Incapacitants…), qui nous sert le tout dans un beau coffret digipack dépliant et son petit livret. Dommage que la mauvaise qualité des premiers enregistrements empêchent les curieux d’entrer facilement – si tant est qu’on puisse le faire même avec un son parfait – et ce malgré James Plotkin au mastering. Du reste, tout amateur de sensations fortes se doit de poser un tympan sur CCCC, au risque de le perdre à jamais.