Moonbooter › Orbit Number 2

De Syngate à MellowFet Records, Bernd Scholl a évolué. Plus conscient de l’impact de sa musique sur sa nouvelle étiquette, Moonbooter présente un 1ier opus sur MellowJet Records qui allie les forces sonores d’une MÉ mordante sur des séquences mélodieuses.
Des effets sonores d’un cosmos en ébullition ouvrent les premières notes de Out of Silence. Bernd Scholl va droit au but en offrant une pièce d’ouverture structurée sur des rythmes accentués, chevauchant un techno progressif et agressif, sur de belles nappes synthétiques fort harmonieuses. Percussions et séquenceurs animent une ambiance aux pulsations vives sur un rythme ascendant, intercalé de belles séquences harmonieuses, et accrochantes. Hymne de la Lune est plus martelant avec une bonne ligne de basse et des percussions métalliques sur un beau synthé flottant. Un paradoxe musical intéressant qui capte tant l’ouïe que les pieds, sur des phases techno entrelardées de moments lunaires flottant, démontrant le goût du risque chez Moonbooter. Comme sur la pièce d’ouverture, les séquences sont sublimes et virevoltent avec une hésitation hachurée, traînassant une aria accrochante aux basques des synthés aux phares mélodiques.
Genesis Device nous amène dans l’univers nébuleux d’un monde cosmique aux échantillonnages vocaux. Le mouvement est lent et valsant, comme une lente valse spatiale. Graduellement, les synthés mellotronnés deviennent plus harmonieux, contrastant avec l’approche d’une basse syncopée qui amène une première phase rythmique. Un beau moment hésitant, où l’harmonie cogite entre deux mondes parallèles avant que le rythme ne devienne plus explosif. Un très bon morceau qui transcende la MÉ vers des territoires plus techno. Illusion présente une intro aux élans musicaux très retenus. Une belle mélodie soufflée hésite à sortir de sa coquille, pour finalement s’en libérer vers la 4ième minute. L’impulsion enlace une onde sonore saccadée qui tourne dans un délire de percussions bercées d’un beau synthé flûtée. Une collection de beaux titres qui se poursuit avec le doucereux Orbit Number 2. Suave et fluide, il conserve sa nature hachurée dans un univers voilé par un piano brumeux, des nappes synthétisées très mélancoliques et des tempos en constantes progression jusqu’au nirvana des rythmes.
Syncrétique, As time goes by est particulier avec son tempo en forme d’horloge sonore. Un titre créatif avec des harmonies et une constante progression rythmique, toujours nappé de synthés mellotronnés enveloppants. Antagonism débute sur une intro fluide aux percussions roulantes. Le tempo est difficilement cernable, mais enveloppé d’une aura flûtée saisissante. Un beat entre deux mondes sur une musique sensible et envoûtante, un peu à l’image d’Orbit Number 2. Haka est un remix infernal du titre d’Erik Seifert sur les rythmes tribaux Maori.
Orbit Number 2 n’est pas terminé, Bernd Scholl vous invite à utiliser votre PC pour écouter 3 titres extra, en format MP3 de 192kbps, pour une durée de 23 minutes ; Core, le Space Mix, une plus longue version de Free for Dawn et un Mémory Dub remix de Orgasmik. Des titres aux mouvements cosmiques, noyés de rythmes débridés, saccadés et syncopés où le techno et les stroboscopes sont obnubilés par des synthés aux mouvements décroisés et moelleux, un peu à l’image de Moonbooter.
Malgré les apparences, Moonbooter fait plus qu’une musique aux rythmes endiablés, idéaux de planchers de danses. C’est une musique réfléchie entre les cadences et atmosphères, créant un étrange paradoxe envoûtant à cause des utilisations massives de synthé enrobant et flûté, augmentant ainsi la quête des sens. Orbit Number 2 est un très bon album, construit sur de belles nappes synthétisées aux mélodies accueillantes sur des rythmes androgynes.