Merzbow › Dharma

Je me suis demandé à un moment donné de quoi était fait le cœur de la discographie de Merzbow. Parce que mine de rien ; tout le monde s’amuse à répéter qu’il a plus de deux cent sorties à son actif, qu’il a collaboré avec (presque) tout le monde, bref ; à quoi ça ressemble, un album au pif, là, comme ça ? J’ai donc ce promo de Dharma qui traîne, qui – sans surprise – contient du boucan, et dont le feuillet vante plus l’énorme discographie que le disque en lui-même : parfait pour mon expérience. Tout commence vers la première minute avec une espèce de mécanisme enroué qui tourne tout seul qui se fait vite seconder par les traditionnelles cascades de bruits, d’abord ondulantes, puis tournant simultanément en boucle. Parce c’est pour cela qu’on aime Masami, pour ses boucles de tout et n’importe quoi sur lesquelles il envoie des avalanches de textures granuleuses, abrasives et puis hop, silence. Trop court donc frustrant, on nous envoie déjà valdinguer sur ‘Akashiman’, c’est à dire d’autres grains et d’autres superpositions qui suivent pourtant les mêmes évolutions que précédemment. Ça devient bon et… Paf, troisième titre ! C’est une collection d’échantillons gratuits ou quoi ? Du Merzbow de quatre minutes, que fait le gouvernement ? Bref, la boucle cette fois-ci c’est un piano désaccordé sur lequel on ajoute… des volutes saturées, peu à peu le piano tente de s’adapter, réduit sa boucle à deux notes, se décompose, bref tout s’emballe dans un chaos sonore rugueux des plus appréciables, et cette fois-ci dans un temps respectable. Arrive ‘Frozen Guitars And Sunloop/7E 802’ qui du haut de sa demi-heure (enfin !) pourrait bien sauver tout le disque. Ça hurle, ça couine de l’autre côté des enceintes, et c’est parti pour une nouvelle saucée psychédélico-bruitiste, cette fois sans la moindre boucle, mais riche en rebondissements (littéralement) sonores jusqu’à la moitié du disque… et puis… le son de la guitare continue… continue… s’éternise… et oui, la facilité est si tentante, il s’est peut-être dit ‘de toute façon, personne n’écoutera le morceau jusque là’, donc dix-sept minutes de saturation quasi statique, et voilà, c’est dans la boîte. Voilà ce qu’est un disque de Merzbow comme un autre, en fait non, c’est lui l’autre.