Art Zoyd › Faust

"Faust" n'est pas une mince affaire non plus. Ce sera en effet la deuxième fois que Art Zoyd se propose de mettre en musique un film muet, qui plus est lui aussi réalisé par Murnau ! Si sept années séparent "Faust" de "Nosferatu", le groupe reste fidèle dans son intention et son approche, même si le rendu est à fortiori différent. Plus que jamais, on prend toute la mesure du poids que revêt désormais le progrès technologique en terme d'instrumentation et de composition dans le processus créatif de la paire Hourbette/Zaboitzeff, les Jagger/Richards du sombre et de l'expérimental. Il ne reste quasi rien de l'ambition d'écriture affichée autrefois par le groupe sur des albums comme "Symphonie Pour Le Jour où Brûleront les Cités", "Musique pour l'Odyssée" ou "Génération sans Futur". Tout ici est tourné vers la matière sonore, recherche d'ambiance et de textures, tantôt vaporeuses et apaisantes, tantôt agitées et dérangeantes, tout en percussions, représentation pour trop évidente d'un manichéisme sommaire entre angélisme et son contraire. Art Zoyd n'échappe pas à la facilité non plus (voire "Marais", redondant jusque dans son titre), mais dans l'ensemble, peut-être parce que le groupe a l'intelligence de ne pas tomber dans le contraste à outrance, en cela sans doite aidé par toute la retenue dont fait preuve le film original, l'écoute de "Faust" apparaît comme moins linéaire et prévisible que son prédécesseur, même si ne s'en dégage toujours pas de moments mémorables. L'une comme l'autre, après les représentations publiques pour lesquelles elles ont été conçues, ces illustrations sonores connaissent aujourd'hui une seconde vie sur support cd ; celui de simple musique de fond. Musique de fond de qualité tout de même. À se demander pour combien de temps encore Art Zoyd résistera à l'appel des jeux vidéos (coupez la musique de Quake III et jouez en écoutant "Nosferatu" ou "Faust", vous verrez, ça le fait)...