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Le Dépeupleur › Le Dépeupleur

1 titres - 73:43 min

  • 1/ Le dépeupleur (73:43)

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line up

Kasper T. Toeplitz, Zbigniew Karkowski

chronique

  • déshumanisation

‘Le dépeupleur’, c’est d’abord un ouvrage de Beckett, un hypothétique microcosme de deux cent personnes enfermées dans un cylindre plongé dans une quasi-obscurité, amputés de 99% de ce qui fait le monde : la faim, le temps, l’émotion, les nécessités. Seules régissent quelques lois et tolérances ; pour la plupart concernant l’accès à des échelles, elles-mêmes permettant de se nicher dans des recoins surélevés du cylindre. Sur cet angoissant postulat sans début ni fin, les seules perturbations possibles sont celles qui dérogent à l’ordre, dont la finalité n’est que violence. Que peuvent donc apporter Zbigniew Karkowski et Kasper T.Toeplitz en s’appropriant un nom aussi évocateur ? Une adaptation ? Un remake sonore ? Oui et non. Peut-être une réécriture de cette angoisse, de ce minimalisme claustrophobique où la liberté humaine est réduite à deux ou trois spasmes entourés d’un silence éminemment oppressant. ‘Le dépeupleur’, c’est une longue trame architecturale, reconstruisant le cylindre autour de l’auditeur, l’amenant lui aussi à cligner les yeux, à s’arc-bouter, à prendre plaisir à entendre quelques placides grésillements tandis que les infrabasses et les fréquences suraiguës s’emparent de son corps. C’est une machine invisible dont la présence se fait purement insidieuse, un iceberg sonore dont la partie immergée vient vriller votre cervelle avant même d’avoir franchir les portes de cotre conscience. Mais alors, à quoi bon cautionner une heure de torture, d’angoisse silencieuse, de froideur abrutissante et méticuleusement mise en scène par quelque chose qui nous échappe totalement ? Pour jouer à se faire peur ? Le jeu n’y est plus, il n’y a pas plus d’humour dans l’ouvrage que dans le morceau ; peut-être pour tester sa résistance à l’inhumain, à l’inimaginable, pour pleurer, trembler, grelotter, ciller ; nous rappeler l’existence et la volonté de survivre de notre corps lorsque l’esprit n’existe plus.

note       Publiée le mercredi 15 août 2007

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Je n'ai lu le dépeupleur qu'assez récemment, et je dois dire que rétrospectivement, ce disque lui va comme un gant - tellement, euh, SFjanséniste

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ou lire Anatole France en écoutant ce disque... (Pour l'amour des expériences symétriques).

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Ah oui, évidemment. Me souviens de ta chronique à l'époque.

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Numero6, tu peux aussi ecouter ca en lisant le Depeupleur !

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Je me le renvoie dans les esgourdes (ou dans la gorge) du coup. Je n'ai jamais rencontré Karkowski mais par contre plusieurs fois Toeplitz dans des circonstances différentes et il est vraiment adorable comme type, il a même bien pris ma chronique acerbe du troisième Dépeupleur et m'a fait suivre ses projets ultérieurs (Kernel entre autres). Absainte l'avait interviewé pour un de ses projets d'étude. Un type très terre-à-terre quant à son approche du son, loin du proutisme GRM/IRCAM (tout cela est passionnant, je sais)

    Note donnée au disque :