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The Stranglers › IV - Rattus Norvegicus

cd • 12 titres

  • 1Sometimes
  • 2Goodbye Toulouse
  • 3London Lady
  • 4Princess of the streets
  • 5Hanging around
  • 6Peaches
  • 7(Get a) grip (on yourself)
  • 8Ugly
  • 9Down the sewer: a) Falling b) Down the sewer c) Trying to get out again d) Rats rally
  • bonus
  • 10Choosey Susie
  • 11Go buddy go
  • 12Peasant in the big shitty (live)

informations

T.W. Studios, Fulham, Angleterre, janvier-février 1977

Les titres 10-11-12 sont des bonus

line up

Hugh Cornwell (chant, guitare), Jean-Jacques Burnel (basse, choeurs), Dave Greenfield (claviers, orgue), Jet Black (batterie)

chronique

  • retro punk rock mélo(suck my)dique

Les Étrangleurs… On a souvent associés au mouvement punk ces quatre garçons pas dans le vent. Faut dire que punks, ils l’étaient sans doute un peu musicalement, certes, mais pas que. Leur inspiration à eux ne vient pas vraiment de la révolte ambiante à Londres et ailleurs, non, elle vient surtout des Kinks, des Doors et du rock garage, tout comme des Beach Boys, et pour moi, au regard de toute leur discographie et de son évolution, il est évident qu’ils ont surtout été un groupe de pop… un fabuleux groupe de pop, aux multiples facettes, dont l’aspect revival leur a valu les foudres de leurs contemporains. Pour leurs débuts, les lascars ont annoncé une couleur particulière, qu’ils déclineront tout au long de leur carrière. Une fragrance, aussi : celle de la nostalgie et de la mélancolie froide, mâtinée de cynisme et de provocations. De la pop d’inspiration sixties avec le son des seventies, et de grosses traces de rouge à lèvres partout. Et pis toutes ces odeurs boisées qui caressent mes narines gourmandes : l’odeur des orgues rock de Manzarek, l’odeur des vieux standards kinksiens et seedsiens, l’odeur du macchabée d’Elvis aussi, quand Hugh Cornwell s’amuse à prendre sa voix bien ronde. Et pis l’odeur de la contre-révolte, et celle des vinyles qu’on dépoussière… Les Étrangleurs ont créé leur style propre, en mettant une touche purement sixties aux lignes punk tant prisées. À cette époque de « décadence » et de « révolution » dont je ne me sens pas proche pour deux sous, à cette époque où les Clash, les Sex Pistols et les Jam faisaient des moulinets avec leurs bras pour qu’on les remarque dans leur pataugeoire, les Stranglers, eux, regardaient et laissaient faire, assis sur un banc, au fond de la salle, à mâcher leurs classiques garage… Ils avaient la tête ailleurs, dans une autre époque : dix ans avant. D’abord, ils étaient plus vieux que la moyenne punk. Des papys même, n’ayons pas peur des mots. Et ils avaient des tas de trucs à dire du haut de leurs mocassins vermoulus, parce que contrairement aux groupes cités plus haut, ils avaient du vécu, ces vieux salauds… Mais il leur fallait aussi parler de la rue, des putes, des plans foireux, de leur expérience en somme, et puis aller de l’avant, en rentrant dans le lard de tout ceux qui se mettraient en travers de leur chemin. En faisant dans l’agression vicelarde, même si leur côté rétro avait de quoi faire sourire la marmaille. Rattus Norvegicus annonce, derrière son côté cheap et ringard, une noirceur de ton peu commune, tant de par sa pochette glauque que par ses titres. Musicalement, chacun tient son rôle de façon personnelle : tout d’abord le jeu d’orgue de Greenfield, extrêmement lyrique, qui fait les belles couleurs du rock façon Stranglers. Tour à tour dégoulinant, excessif, sirupeux ou sobre, c’est lui qui plante le décor de chaque chanson… puis les acteurs : le jeu de basse de Burnel, rond et agressif, souple et puissant, donne de la cuisse à tout ça, du corps, de la chair. La voix de Hugh Cornwell ensuite, couillue, carrée, agressive, bien en avant et pleine de morgue, qui articule avec détermination chaque mot comme autant de pains dans la face... les textes sont emplis de cynisme, de crudité et de provocations, principalement contre les femmes (ces chiennes). Et enfin le batteur, Jet Black, sosie improbable de Luc Besson avant l’heure, est métronomique et frappe sec, sans fioritures ou effets faciles, sans esbroufe. Une pelletée de tubes avec une production cheap et sans chantournements : « Sometimes », saillie rongée par la voix bien en avant de Hugh et les mélodies furibardes d’orgue, le délicieusement kistch « Goodbye Toulouse », le libidineux « Peaches », cruauté jouissive au tempo pataud et aux paroles cultes, ou des titres brefs, formellement plus proches du punk ou du garage comme « Hanging Around », « (Get A Grip) on Yourself », « Ugly » ou « London Lady », méchamment accrocheurs… Mais le morceau de choix de ce disque, pour moi, c’est indiscutablement « Princess Of The Streets » : voilà ce que j'appelle une vraie ballade de maquereau, senteur patchouli, qui laisse transpirer une mélancolie à fleur de braguette : la mélodie de synthé est ronde comme un bilboquet, et la voix nonchalante et enrhumée de Hugh, et pis la basse toujours aussi burnée de Burnel, argh, c'est sublime ! Le titre qui achève l’album, plus « épique » et introspectif, nous plonge dans le thème insidieux du disque : la peste, les rats, premier symbole animal utilisé par le groupe avant le corbeau et la panthère. A part ça que dire ? Rattus Norvegicus est un formidable premier disque, le premier album de types incompris, moqués en leur temps (la vieille phrase cliché), mais beaucoup plus subversivement violents et authentiques dans leur hargne que bien des punks de l’époque et du lieu, croyez-moi. Maîtres provocateurs dans l’art de la misogynie et de la bastonnade, ces quatre types ont en plus d’avoir joué foutu une sacrée merde autour d’eux, créé une alchimie nouvelle mais logique dans le contexte punk : un retour vers l’essence même du rock british, revu et corrigé de façon insidieusement perverse. Une version gueule cassée des Doors ? Le premier groupe de punk adulte ? Peut être… mais bien plus encore. Cette première œuvre – essentielle vous l’aurez compris - a l’odeur du cuir bon marché, le fumet craspec de la bonne vieille nostalgie et le parfum capiteux des pâtes à cul usagées et du whisky frelaté, du tabac froid, des fonds de bouteille imprégnant l’atmosphère de ton appartement un lendemain d’orgie, quand tes clopes n’ont que le goût de ta gueule de bois et que ta bave pâteuse ponctue chaque bouffée de nicotine d’un clapotis. Un disque de rock ringard et vénéneux, rance comme le vieux jambon, aux relents de blues torve, aux accents de majeur tendu à la face du bon goût et de la jeunesse arrogante, véritable recueil de standards post-garage authentiques et crus en direct du bordel londonien. La grande classe en somme…

note       Publiée le dimanche 9 décembre 2007

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Quel rapport peut-il y avoir entre les Doors et le punk ? Aucun à priori...Et pourtant...Ce premier album des Stranglers pourrait s'approcher de quelque chose de similaire. Ok, ils n'ont jamais été réellement punk mais s'inscrivent néanmoins en parallèle et du moins dans la mouvance post punk. Tout commence avec l'alliance en 1974 de Hugh Cornwell avec son vieux pote (déjà 35 ans au moment des faits) Jethro Black, ancien batteur de jazz. Ils sont rejoints par un bassiste Français et Hell's angel itinérant, Jean-Jacques Burnel. Après de vaines démarches pour recruter un saxophoniste, le groupe opte finalement pour le clavier Dave Greenfield, excellent musicien, plutôt issu du terreau des groupes progressifs. Très vite, les Stranglers acquièrent une réputation de bad boys violents (ce qui les conduira parfois en prison), machos (il suffit de lire les paroles) et provocateurs, et leur musique impressionne le public. Celle-ci emprunte quelques touches au punk au niveau de l'énérgie mais le jeu d'orgue, lui, se rapproche nettement plus de celui d'un Ray Manzarek (écoutez donc le solo de la fin du très bon 'Sometimes' ou les volûtes de 'Hanging around', sans parler d'un 'Down the sewer' de près de 10 minutes). Autre particularité des Stranglers: leur côté obsur. Vêtus de noir, avec une basse grave souvent plus présente que la guitare, leurs compositions développe une touche sombre que n'ont pas forcément les formations punk. Par contre, les vocaux, souvent scandés sur la mélodie plus que chantés (quand j'écoute 'Get a grip', je me dis que les Art Brut ont écouté ce disque) se rapprochent nettement plus du feeling punkoide naissant, surtout dans leurs déclinaisons les plus rageuses. Mais ça ne suffit pas à y faire rentrer les Stranglers...Ce jeu d'orgue subtil et cette capacité presque pop d'écrire des mélodies accrocheuses, ces influences rythmiques bluesy...on est loin des schémas punk de l'époque; en cette année 1977, le quatuor dégage un son et une énergie particulière qui attirent tant les fans d'atmosphères un peu glauques que les amateurs de bon rock pêchu ('Ugly' et son petit côté garage). 'Rattus Norvegicus' englobe tout ça, ce qui explique probablement son succès mérité auprès d'un public issu de plusieurs scènes.

note       Publiée le jeudi 19 juillet 2007

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    ...D'un grand groupe. R.I.P.

    zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

    Un grand Monsieur

    Note donnée au disque :       
    COLDSTAR Envoyez un message privé àCOLDSTAR

    R.I.P. Jet Black, fondateur du groupe.

    Richard Envoyez un message privé àRichard

    Wiki n'est pas toujours une référence solide mais nicola a effectivement raison. Le site précisant que ce IV est lié au nombre de membres du groupe.

    Message édité le 01-10-2022 à 15:12 par Richard

    zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

    Ah oui, intéressant ...

    Note donnée au disque :