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Agonie d'agapè, de William Gaddis

par Saïmone › mardi 16 décembre 2014


Style(s) : ambient / jazz / avant garde

Un vieux au seuil de la mort vomit son analyse de la modernité dans une logorrhée qui frise l’état maniaque.

Au demeurant la critique du livre pourrait s’arrêter là.
Sauf qu’il y a quelque d’enfoui à l’intérieur de cette diarrhée qui demande un gros effort du lecteur afin d’y débusquer le lièvre (mort, lui aussi).
Ce lièvre, c’est la musique. On est sur guts of darkness après tout, les critiques de livres se doivent d’avoir un rapport plus moins lointain avec ce qui nous habite tous ici – musique des mots, du rythme, de la langue, de la scansion, voir, allons-y, la « petite musique de l’imaginaire ».

Agonie d’Agapé parle de piano. De piano mécanique, surtout. Autrement dit du piano à l’heure de la reproduction. Walter Benjamin est invoqué, comme de juste, mais ce n’est pas vraiment de philosophie dont il s’agit – bien qu’on ait droit, comme de juste, au écueils sur le capitalisme, le matérialisme et la perte actuelle de la valeur des choses dans la profusion de l’instantanéité et de la profusion, de la perte des savoirs dans ladite reproduction, des sonates de Chopin à la manivelle, l’horreur absolue…
Non. La musique qui habite littéralement l’œuvre (elle-même produit d’une reproduction) est celle d’une langue qui ignore la ponctuation – ou si peu, tel le produit d’une pensée fuyante, celle des petits trous du cerveau du vieux dément.

Nous vous indignez pas, insurgez-vous ; mise à mort du faux et de la supercherie, seul avec soi-même, le fil de sa pensée délitée, rongée par une douleur parfois trop conceptuelle.
Un étrange testament, qui se mérite autant qu'il se rejette.

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Dernière mise à jour du document : mardi 16 décembre 2014

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