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Jazz (we've got)

par Progmonster › jeudi 13 octobre 2005

Vous connaissez beaucoup de gens dans votre entourage qui sont nés dans le jazz ? Pas moi. Et parce que cette forme musicale ne correspond pas à ce qui nous a été inculqué lors de notre petite enfance, on se bute à croire que ce mode d'expression est impénétrable tout simplement parce qu'on ne le comprend pas. Cette forme de rejet viscéral prend sa source dans la peur que l'homme possède à l'égard de tout ce qui lui est différent, de tous les systèmes qui échappent à sa logique. Mais le jazz n'est pas sortie de la cuisse d'un Dieu quelconque, et même si c'était le cas, dois-je vous rappeler que c'est l'homme qui a créé Dieu, et non l'inverse ? Parce que tout s'explique, ce petit dossier s'adresse à toutes celles et tous ceux qui ont toujours été tentés de percer le mystère du jazz sans jamais oser le demander. Je n'ai pas la prétention de pouvoir répondre à toutes vos questions, mais si je caresse l'espoir d'au moins pouvoir vous y éveiller, il me faudra pour cela partager avec vous mon expérience personnelle et vous inviter à suivre le raisonnement d'un type tout ce qu'il y a de plus commun qui, comme vous, a été élevé au biberon du rock'n'roll.

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EN QUOI LE JAZZ EST IL SI DIFFÉRENT ?

Parmi les choses qui distinguent fondamentalement le jazz du rock, il y a une série de trois éléments qui me paraissent essentiels de bien cerner :

Le rythme

Alors que le rock et la pop, dans les cas les plus répandus, sont pieds et poings liés à une signature binaire, le 4/4 type propre à la culture occidentale, le jazz privilégie tout particulièrement les temps composés, souvent impairs, hérités des cultures orientales. Physiquement déjà, une batterie jazz ne sonne pas comme une batterie rock. Le charleston et la cymbale Ride, qui ne porte pas ce nom juste pour faire joli, donnent le beat, la pulsation, là où c'est généralement la grosse caisse qui est à pied d'oeuvre en rock. En caricaturant, on trouvera son extension la plus extrême dans les battements techno qui reproduisent à peu de choses près une pulsation cardiaque. Rien d'étonnant donc à ce que l'on perçoive tout de suite le caractère plus volatile de la rythmique jazz puisque, dès le départ, elle ne se calque pas sur ce qui nous a été enseigné. C'est d'autant plus vrai que les accents ne sont pas nécessairement placés sur les temps les plus forts alors que c'est toujours le cas en pop, en rock, et tous les styles musicaux dérivés (toujours dans leurs formes les plus répandues). En se sophistiquant, c'est à dire en y apportant les influences de ces rythmes si différents, on comprend mieux comment la musique pop a pu évoluer vers ce que l'on a appelé le rock progressif, genre particulièrement friand de ce genre de signature. Mais il existe des tas d'exemples de chansons populaires bâties sur des structures aussi particulières et qui sont même devenus des succès (les premiers titres qui me viennent à l'esprit sont "Turn It On Again" de Genesis en 13/4 ou "Seven Days" de Sting en 5/8).

Le corps

Ou la structure même du morceau si vous préférez. Nous qui sommes habitués à ce bon vieux couplet/refrain/couplet/refrain dans lequel parfois un pont vient troubler la séquence pré écrite, nous voilà pris au dépourvu avec un titre s'écartant foncièrement du calibrage chanson en exposant simplement un thème de départ (qui peut parfois se résumer à un très court enchaînement de notes) servant de mélodie principale et qui va être déclinée à l'envi et à tour de rôle par les différents membres du groupe (les solii). Une fois le tour complet, le thème est rejoué par l'ensemble afin de conclure le morceau. Avouez que ce n'est pas vraiment comme ça que l'on perçoit les choses d'habitude, même si du jazz la plupart n'ont retenus que les solii que l'on a greffé aux morceaux rock en guise de pont avant de réamorcer le couplet ou refrain éventuel.

L'instrumentation

Si l'on met entre parenthèse ses égarements électriques, le jazz est dans 80% des cas acoustique. En absence de chant (bien qu'il existe un jazz vocal), l'oreille rock va devoir se focaliser sur l'interprétation des différentes voix qui s'élèvent ; piano, trompette, saxophone dans les grandes lignes. Ce qui est interprété comme un grand n'importe quoi est en réalité d'une richesse mélodique inouïe. Faites l'effort de transposer dans votre esprit les notes que vous entendez comme sortant de la bouche d'un chanteur, comme si vous étiez en train de siffler sous votre douche. Et vous comprendrez à quel point le jazz, même dans ces moments les plus free, est peut-être une des musiques les plus mélodiques qui soient, sensible à l'épure. Passé ce premier cap, il faut ensuite intérioriser le discours et se laisser vibrer par l'interprétation qui en est donnée ; les degrés d'intensité, les détours empruntés, les audaces exécutées, et vous sentirez alors à quel point il n'existe pas d'art musical aussi expressif, aussi proche du ressenti, loin des mots et des descriptifs qui figent la musique, mais à la source même de tout sentiment et de toutes émotions. Comme en tout, il ne faut pas se forcer. Mais la musique jazz appelle à un vrai partage. Il faut pouvoir se donner pour mieux recevoir alors que dans les formes les plus prévisibles de la variété, on nous demande de consommer tacitement sans qu'il n'y ait d'échange en retour, ou alors ce situe-t-il cet échange à un tout autre niveau.

COMMENT DISTINGUER LES FORMES DE JAZZ ?

Alors que nos sociétés ne manquent jamais une occasion pour nous rappeler qu'il faut respecter les lois, l'art nous enseigne qu'il n'y a que quand on les transgresse qu'on évolue.
Appliqué au jazz, les écarts de conduites étaient rarement admis dans les grands orchestres, chaque instrumentiste interprétant scrupuleusement les partitions de l'oeuvre, à l'instar de la musique classique. Sous cette forme, c'est une musique qui n'a pourtant pour seul objectif que de divertir, un collectif au service d'un seul pour le bienfait du plus grand nombre. S'il pouvait y avoir en son sein quelques éléments solistes, ils étaient souvent bridés, seulement autorisés à donner une pointe de lyrisme à une musique qui se voulait avant tout dansante et proche des nantis. Tout cela ne va évidemment pas durer.

Le Be-Bop

Dizzy Gillespie Le Be-Bop va révolutionner tout ça en ramenant le jazz à des proportions plus humaines. En quintette dans la plupart des cas (contrebasse, batterie, piano, saxophone, trompette), les thèmes vont devenir des pistes à partir desquelles les solistes vont pouvoir extrapoler en donnant leur interprétation toute personnelle de ce que l'on appellera bien assez tôt des standards. L'improvisation, répondant pour l'heure toujours à des schémas harmoniques très académiques, occupe désormais la place centrale dans ce qu'il y a lieu d'appeler l'écriture automatique ou spontanée. Ce passage du collectivisme résigné à l'individualisme forcené est lourd de conséquence, car sans ce pas de géant, le jazz tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'aurait pas pu faire sa propre autocritique relevant de l'analyse sémantique. Avec le Be-Bop, le jazz s'émancipe. Le jazz s'octroie la liberté de définir ce qui est bien pour lui. Nous sommes au tout début des années quarante et le jazz moderne est né. Ses chevaliers sont Ray Brown (contrebasse), Kenny Clarke (batterie), Thelonious S.Monk (piano), Dizzy Gillespie (trompette) et Charlie Parker (saxophone alto).

Le Cool

Le Cool émerge près de dix années plus tard. Comme son nom l'indique, les enfants du Bop vont s'employer à décrisper l'espace sonore extrêmement tendu généré par le père de tous les courants jazz moderne en proposant une approche alternative qui se distingue par une approche rythmique beaucoup plus détendue et, avant tout, par la qualité de ses timbres, facteur essentiel de leur recherche. Pour se faire, on réintègre aux quartettes et aux quintettes des instruments typiques comme le tuba ou le trombone. En guise de point de repère, on attribue généralement la naissance de ce courant à l'album "Birth of The Cool" de Miles Davis. Parmi ses hérauts, on trouve Red Mitchell (contrebasse), Shelly Manne (batterie), Dave Brubeck (piano), Chet Baker (trompette) et Lester Young (saxophone ténor).

Le Hard Bop

Peut-être en réaction à un Be-Bop et un jazz West Coast (Coleman Hawkins, Stan Getz) commençant à se figer dans une nouvelle forme d'académisme, le Hard Bop, comme on peut le deviner, proposait dès la fin des années cinquante de revitaliser les courants d'origine. C'est aussi à partir d'ici que le jazz se politise. Puisque le jazz est parvenu à briser ses propres chaînes et continue, en vers et contre tout, à se remettre perpétuellement en question, il allait presque de soi que tôt ou tard celui-ci deviendrait le symbole même de la revendication des afro-américains. Idéologiquement très connoté, stylistiquement le Hard Bop se distingue par une pulsation soutenue, une plus grande complexité technique, s'attachant à des problèmes d'harmonies tout en prônant un retour au source en s'inspirant du blues et du negro-spiritual, et leurs grilles d'accords majeurs. Il y a du coup une notion parfois très mystique aux envolées de certains instrumentistes parmi lesquels on retiendra, parmi une quantité faramineuse de musiciens, les noms de l'inévitable Paul Chambers (contrebasse), Art Blakey et Max Roach (batterie), Charles Mingus (piano), Clifford Brown et Lee Morgan (trompette), Jackie McLean (saxophone alto), John Coltrane (saxophone soprano) et enfin Joe Henderson et Sonny Rollins (saxophone ténor).

Le Free Jazz

Ornette Coleman Apparu quasi simultanément, l'élément fondamental qui distingue le Hard-Bop du Free Jazz c'est le retour à l'improvisation collective. En effet, on ne compte plus le nombre d'artistes Hard Bop à s'être frottés au Free Jazz et inversement. Les deux présentent les mêmes revendications politiques et esthétiques même s'ils cultiveront des manières différentes de les exprimer. Le Free Jazz trouvera son théoricien en la personne de Ornette Coleman sans qui je ne serais sans doute pas là aujourd'hui pour vous parler de tout cela... Dans ce que l'on appelle encore la "New Thing", les musiciens découvrent que tout est possible, que le rythme n'a plus de contraintes linéaires, que les improvisations peuvent se faire sans suivre de grilles d'accords, qu'il suffit parfois de tout détruire pour mieux reconstruire. Depuis le début de sa formidable aventure, c'est la première fois que le jazz, en s'exportant à l'étranger, va faire tâche d'huile. Il trouvera un terrain de prédilection sur le sol Européen où les écoles britanniques, françaises et surtout allemandes, auront un rôle non négligeable. C'est un cri de révolte et une pure célébration de la vie. Je pourrais vous faire une liste interminable d'artistes de cette mouvance, mais je dois arrêter mon choix sur quelques uns seulement. Aussi vous parlerais-je de Alan Silva (contrebasse), Milford Graves (batterie), Cecil Taylor (piano), Don Cherry (trompette), Anthony Braxton et Éric Dolphy (saxophone alto), et pour conclure, le triumvirat Albert Ayler, Pharoah Sanders et Archie Shepp (saxophone ténor). Enfin, je m'en voudrais d'oublier deux formations phénoménales : The Art Ensemble of Chicago et le large orchestre de Sun Ra.

Le Jazz Modal

C'est encore à Miles Davis que l'on attribue la paternité de ce style grâce à l'album "Kind of Blue". Pourtant, Sonny Rollins avant lui avait sans doute été le premier à délaisser l'échelle tonale pour explorer à sa guise les accords propre à un mode dans lequel il voyage en amont comme en aval. Ces progressions rompent l'enchaînement finalement très convenu de l'alternance d'accords deux fois par mesure et mettent provisoirement de côté les grilles harmoniques héritées du Be-Bop pour aller se ressourcer auprès des musiques à consonances orientales. On le voit, si le jazz est parvenu à aller au bout de sa logique en faisant la peau de son exégèse, il est également parti puiser ses influences ailleurs dans les cultures étrangères. Le jazz modal ne peut pas être considéré comme un courant à part entière, mais son influence, parce qu'apparu au moment où le Hard-Bop et le Free Jazz faisaient leurs premiers balbutiements, va avoir des répercussions sur la musique en général. Le label Blue Note, tout un temps un des fers de lance du Hard Bop, va être peu à peu contaminé par ce nouveau mode d'écriture si bien que c'est chez eux que l'on retrouve quelques uns des artistes les plus représentatifs du Jazz Modal : Reginald Workman (contrebasse), Pete LaRoca (batterie), Bill Evans et McCoy Tyner (piano), Freddie Hubbard (trompette) et Wayne Shorter (saxophone ténor).

Le Jazz Électrique

Miles Davis On avance de décennies en décennies et, en toute logique, les années soixante-dix, à l'émergence du psychédélisme et d'une musique pop qui devient une valeur sûre à l'échelle du marketing, vont faire entrer le jazz dans une nouvelle ère. La glorification des artistes rock va aussi toucher les musiciens jazz qui vont passer du petit club aux stades combles lors de tournées internationales. À croire que sans lui rien n'aurait été pareil, c'est bien entendu à Miles Davis que l'on doit ce dernier tour de passe-passe, avec l'album "In a Silent Way" (1969). Les caractéristiques, vous les connaissez, elles sont bien simples ; le jazz s'électrifie, induisant l'apparition de la basse et de la guitare électrique, remplaçant ce bon vieux piano à queue par le piano électrique, puis toute une flopée de synthétiseurs. Pour être apparu à la même époque, il y a des parallèles évidents à établir entre une certaine forme de musique progressive et cette ultime déclinaison de l'idiome jazz, mais encore aujourd'hui, peu s'accordent sur une définition stricte et indiscutable. Il me plaît à croire que l'on peut se permettre de scinder le Jazz Électrique en trois catégories distinctes :

  • Le Jazz Rock, à l'appellation éloquente. Toutefois, on remarquera qu'elle s'applique plus volontiers à des groupes rock allant vers le jazz et non pas du jazz au rock (je pense à certains disques de Jeff Beck ou le mythique "Hot Rats" de Frank Zappa). Bien sûr, il y a des exceptions, et non des moindres : le Mahavishnu Orchestra.
  • Le Jazz Fusion qui va lentement mais sûrement se décliner en croisement fadasse entre jazz et funk pour s'enterrer définitivement dans une musique d'ascenseur où seule la redondance prévaut (Donald Byrd, Bob James, etc.). De loin l'embranchement le plus populaire du Jazz Électrique, le Jazz Fusion compte tout de même dans ses rangs quelques belles réussites, à l'image de Weather Report par exemple.
  • Le Kozmigroov' qui pourrait presque passer pour un court épisode de cette lente évolution tant ses traits, peu communs, sont néanmoins très caractéristiques. Possédant les mêmes attributs que le Jazz Fusion, le Kozmigroov' possède une touche psychédélique indéniable où percussions et pluies de notes au piano électrique constituent la base de ces délires enfumés. On citera plus volontiers quelques albums plutôt que des artistes bien précis, même si dans le domaine Herbie Hancock a su se montrer particulièrement inspiré avec sa trilogie "Mwandishi", "Crossings" et "Sextant".

ET APRES ?

Il me semble important de signaler que chacun des styles décrits plus hauts ne sont pas des écoles aux règles inflexibles. Le jazz a fait son propre apprentissage en menant de front plusieurs combats qui se sont influencés mutuellement. Il n'y a donc pas d'antagonisme à proprement parlé, le tout devant être vu comme les multiples facettes d'un même diamant taillé. J'en veux pour preuve que chacun des artistes cités plus hauts ont tous, d'une manière ou d'une autre, tâté d'un autre genre, certains traversant même tous ces courants tant que leur santé le leur permettait... Le jazz est un courant musical qui, en un demi siècle, aura tout connu. Jusqu'à preuve du contraire, à ma connaissance, il n'existe aucun autre courant musical ayant suivi une évolution si rapide et si radicale en si peu de temps. Peut-être est-ce parce que le jazz n'a jamais cessé de placer le facteur humain au centre de ses recherches...
Si au cours de la décennie suivante, celle des années quatre-vingt, le jazz s'est reposé sur ses acquis en ressassant les mêmes plans sans aboutir à quelque chose de concrètement plus abouti, il a souffert aussi d'un net manque d'intérêt de la part du public. Trois options semblaient s'offrir à lui : un retour aux sources, le métissage absolu ou le recours aux dernières technologies.

Le Jazz Post Moderne

Avec des artistes tels que Tim Berne, Ellery Eskelin, Henry Threadgill, Ken Vandermark ou David S.Ware, le jazz prouve qu'il a un avenir dans la culture respectée et respectable des différences de chacun. Une oreille tendue et gourmande vers les leçons du passé et l'appétit d'un progrès qui passe obligatoirement par la mise en évidence de fortes personnalités. Le jazz est une musique de mélange et le Jazz Post Moderne, s'il obtient toujours aussi peu de considération de la part de ses contemporains, se permet malgré tout de défricher des terrains dont on pensait avoir tout extrait et qui ne manquent pas de nous offrir d'autres perspectives, parfois très inattendues.

L'Avant Garde

Fort de ces expériences de métissages passées, le jazz a vu naître des artistes qui n'ont pas eu le jazz comme seule mère nourricière. En confrontant cet héritage à d'autres formes de culture, le jazz a pu aller encore un pas plus loin dans son travail d'hybridation. Qu'il s'agisse de la culture Hip Hop avec l'Acid Jazz, puis le courant M'Base propre à Steve Coleman ou encore de l'esthétique Métal et Hardcore qui ont permis à un artiste comme John Zorn, avec ses projets Naked City ou Painkiller, de convoler en justes noces avec une jeunesse toujours friande de sensations fortes.

Le Nu Jazz

La musique électronique devait tôt ou tard elle aussi forcer les portes de cet univers dont certains critiquent l'hermétisme alors que le jazz s'est toujours montré ouvertement perméable. Si le suisse Éric Truffaz continue à faire sensation avec ses sonorités tributaires de la Drum'n'Bass, le trio Medeski, Martin & Wood mériterait qu'on leur accorde plus d'importance. Mais c'est probablement en Scandinavie que se concentre le nombre le plus impressionnant de formations aptes à changer la donne de manière radicale en questionnant une fois de plus le langage jazz et sa mécanique de l'intérieur, avec des artistes comme Nils Petter Molvaer, Supersilent, le Esbjörn Svensson Trio ou encore Jaga Jazzist...

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Dernière mise à jour du document : jeudi 17 août 2006

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