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 - aux groupes / artistes Eyehategod, Triptykon, The Wounded Kings, Saint Vitus, Cavalera Conspiracy, Sup, Bölzer, Motörhead, Mütiilation, Onslaught, Bloodbath, Coffins, Envy, Enthroned, Life Of Agony, Weedeater, High On Fire
 - aux documents Hellfest 2014 par Stéphane, Fury Fest 2004, Le Mans, les 25, 26 et 27 juin 2004, Hellfest 2014 par Nicko

Hellfest 2015

par Rastignac › mardi 23 juin 2015


Style(s) : hardcore / metal / metal extrême

Hellfest 2015 ! Ce festival est maintenant celui des superlatifs metal : plus de groupes, plus de gros groupes, plus de clients potentiels, plus de flics, plus de bouffe, plus d'urinoirs... mais aussi celui de la quadrature du cercle, si l'on se prend un peu à l'arrache pour aller là-bas : moins de places disponibles, pas beaucoup de trains, des taxis nombreux mais chers... faut dire que je correspond à un profil de festivalier particulier (mais j'étais pas le seul, c'est sûr) : pas du coin, ayant acheté les billets bien tard sur la bourse aux billets de la mort, ne trouvant donc pas à se loger dans Clisson ni à 30 bornes aux alentours car trop à la bourre, trop déglingué pour oser affronter les dures réalités des campings remplis de métalleux chantants, chopant un hôtel sur Nantes en comptant sur l'imaginaire des organisateurs pour donner à chaque heure des navettes entre Clisson et la métropole toute proche... Nantes fut une étape pour plein de festivaliers (la gare, l'aéroport), mais c'est aussi un des lieux de résidence de nombre de festivaliers - il suffisait de voir les rues le jeudi soir dans le centre ville, celui des bars et des restos, ambiance méga-patche ! Je souligne à chaud cet aspect car il est maintenant d'une importance primordiale : vous devez acheter les billets rapidement, et trouver également très rapidement voire louer d'une année sur l'autre votre hébergement si vous êtes trop fatigué pour camper à la dure ou trop pauvre pour aller toper le gite à 1000 euros la nuit dans le Château du Puy du Fou, à vous faire emmener par votre chauffeur particulier devant l'entrée du rond point du fameux Leclerc metal binouze merguez. Les aspects extra-musicaux seront donc nombreux dans ce petit report car ils ont déterminé franchement ma réception du festival et in fine de la musique produite par un line-up encore impressionnant, même si je trouve qu'il efface toujours plus les racines hardcore de ce festival fondé sur les cendres du Furyfest.

HELLFEEEEEST

Faut dire aussi que ce n'était pas mon premier dans le coin, l'expérience assez trauma-fun du Fury de 2005 au Mans restant à jamais gravée dans ma mémoire (line-up de dingue, conditions d'écoute déplorables, camping version Mad Max à faire la chenille à trois heures du matin en écoutant Scatman et Corona dans les débris des douches et chiottes démontés). Ayant vécu deux autres Hellfest j'ai pu constater ensuite la montée en puissance organisationnelle et financière du bouzin : des groupes cultes, inespérés même, des reformations sympathiques, des petits groupes aussi, et un talent à produire un festoche à la carte offrant pitance particulière à des catégories bien délimitées : les vieux hardos / les sombrex / les coreux - les punks / les patchés thrash et death / les gars qui n'ont pas pu aller au Roadburn et qui vont bédaver toute la journée à la 'Valley',etc. L'éclectique y retrouve donc son compte comme le plus sectaire et 10 ans après mon premier Furyfest, festoche metal sans équivalent à l'époque en France, tous ces découpages de scène sont aujourd'hui gérées au poil avec très peu de chevauchements et selon une formule qui marche, les organisateurs ayant même eu le luxe de réduire la voilure niveau places afin de ménager les genoux et les poumons de sa clientèle marchant des kilomètres dans la poussière de ces terres riches en muscadet et en crottin de festivalier.

Alors, après un speed vol régional d'une heure, une prise de clé de mon hôtel situé dans un quartier de Nantes, une première bouffe là-bas, je me décidai à acheter mon ptit ticket de TER le vendredi matin pour me rendre dans l'antre de Satan comme l'ont si bien signalé les graffeurs christianistes ayant voulu terroriser le chevelu il y a quelques semaines sur les murs du festival ! Premier épisode donc de ce week-end grandiloquent, point de vue Rastignac à chaud bouillant !

J1 Thirsty and Miserable

J'arrive dans la ville de Lucifer, alias Clisson. Dès la sortie de la gare, des taxis sont là... mais pas pour moi. Plein de gendarmes aussi, mais pas pour moi non plus, ouf ! Ce qui m'amène à dégringoler avec mes orteils les pentes de la ville... mais quoi ? C'était bien la première fois que je trainais un peu mes guêtres dans ce sublime écrin logé au bord de la Sèvre. Clisson est une très belle ville et sur le chemin je recevais plusieurs complaintes d'habitants regrettant qu'il y ait si peu de suppôts de Satan qui viennent parcourir ces vieilles pierres en sifflant du vin local.

CHATEAU, OF, THE CLISSSSSSSOOOOON (photo : Rastignac)

Bref, le trajet est court et beau, pierreux et frais, et j'arrive dans le grand barnum de l'entrée qui est très bien gérée, beaucoup de bénévoles épaulant la sécurité. J'accède au camping pour retrouver du monde et on part bracelet magnétique au poignet comme dans le métro - total recall nous voilà - puis nous découvrons un site qui assume totalement son urbanisation type "fête foraine ultime". Vous connaissez déjà cet aspect si vous avez lu les précédents reports, je ne m'étends pas là-dessus, mais sachez que vous pouviez uriner / boire / manger / headbanguer voire faire des bisous et discuter avec des gens au calme à cinq pas de tous les points du festival, une belle réussite à ce niveau là, les concentrations folles autour des coins d'eau, de défécation et de bouffe ayant déjà auparavant provoqué moults bousculades entre gnous metal... et boire, c'est bien le mot, j'ai bu goulument mon premier jour de festival... l'effet premier jour du week-end, mais qui m'amena plus tard dans la soirée à écourter un peu ma journée, étant complètement cramé à 21h...

Bon, alors, premier groupe Bölzer, le début de l'apéro m'ayant fait rater les tous premiers à jouer le matin. J'aime bien Bölzer. Les gars sont de bons musiciens. Mais là, je n'entendais presque rien de la complexité et de la beauté des plans de guitare, écrasés par le volume de la batterie. Un peu déçu, un son de malade pour un groupe comme ça, et vous tournez berserk ! Donc, bon, je m'en fais pas, je me dis que les premiers vont étrenner les salles et le son... mais dommage quoi. Enfin, de toute façon, quelques minutes après je me prends direct ma première mandale dans la tronche avec Despise You. Pan. Dans la gueule, devant un parterre clairsemé, au soleil, muscadet à fond. Brutalité. I don't care about you, fuck you ! Voilà, là je me dis, bon, je vais continuer à picoler, et je suis content de toute manière - mais non, y a trop plein d'autres choses à voir ! Alors entre deux croc jambons payés par des cartes de paiement spécial Hellfest je jette un œil à Samsara Blues Experiment puis jette une oreille à mon portable et me fait éblouir par la présence de quelques stars du biz metal dans le public puis retrouve Nicko devant Enthroned que nous écouterons de manière très distraite et de loin - d'ailleurs, cette manie d'écouter tranquille un peu loin tout en profitant bien du son ben je vais l'utiliser dès que mes jambes flageoleront, et Belzebuth sait qu'elles ont été mises à dure épreuve... Donc, oui, Samsara Blues Experiment c'est cool à écouter endormi sur le tapis qui va bien dans la pièce, et Enthroned aussi.

Je fais ensuite, encore, une énorme pause pour me prendre ma seconde mandale de la journée et du festival, après avoir essayé de tenir devant Vallenfyre le maximum de temps possible - ennui me prend vite devant Vallenfyre, comme devant Triptykon, je les range dans ma catégorie de super band super frontman super ennui noir et sombre et obscur. Je vais donc ensuite me prendre des ampli Orange dans la tronche, agenouillé devant l'Archange de la désolation du riff de la mort alias Matt Pike et ses High on Fire gros bras grosses cuisses. Mandale dans tronche, "mes couilles sont des morgenstern de 90 kilos", je suis littéralement cloué devant l'énergie, la passion, la puissance, la virtuosité de ce guitariste hors-norme. Pas un pet, set nickel, fracassage de cheveux, génial, voilà, les nouveaux titres sont beaux, les anciens aussi, tout est parfait, tout est dit. Et à force de picole et de pause et de non-envie de tout voir, et bien on se retrouve tranquillement en début de soirée devant Motörhead. Je savais que j'allais me retrouver devant un Lemmy un peu affaibli, mais j'avais été ragaillardi par les premiers a priori sur leur nouvel album... mais Lemmy est fatigué. Ses phrases sont hésitantes. Il ne bouge pratiquement pas, souvent doublé au chant, sa voix est nettement moins puissante, et il a l'air juste très très fatigué. Le set a été exécuté avec propreté et honneur, mais je devais vous le dire quand même, j'avais l'impression d'avoir la chance de voir Motörhead peut-être pour la dernière fois... du haut d'une grande roue, complètement beurré au vin blanc (belle vue d'en haut, faut pas avoir le vertige) !

Chiottes and croque jambons are les mamelles of the destin!(photo : Rastignac)

Après ce moment un peu bizarre je traine, perdu et seul dans la foule, je regarde de loin gigoter Lamb of God (le chanteur a une petite table basse pour bondir dessus pendant le concert, ça m'a marqué qu'on pense à ce genre de détail scénique), je regarde Nick Holmes growler assis la tête pleine de suie pendant un bout de Bloodbath, je tourne la tête et regarde un bout de Envy qui nous recycle ses cris nippons encore une fois et je me dis : "faut que j'aille dormir". Donc retour en taxi dans un état violet, endormissement profond du côté de la Beaujoire, rideau fatal et petite lose, Meshuggah ayant pu être un dessert appréciable - lose bien mineure par rapport au lendemain malheureusement.

J2 : Dying Inside

Samedi, journée de la lose, oh oui mes frères. Je ne me lève pas trop tard, j'arrive vers 9H00 passées à la gare de Nantes, et me rend compte qu'il n'y a pas de train avant... MIDI !!! Enfer, désolation, visite touristique de Nantes, ennui, rage, dépression, acceptation, et j'arrive donc après certains groupes que je voulais absolument voir : Elder, Cock and Ball Torture (nan, j'rigole) et Monarch, foutre merde! J'arrive de très mauvaise humeur à la gare de Clisson, des taxis encore mais toujours pas pour moi, et en plus maintenant en sus des pandores, la douane avec ses clébards. Ambiance ! Clisson, bonjour ! Bien vénère je snobe donc la grande queue de festivaliers penauds devant les maigres moyens de transports, plantés là à se faire sniffer le cul au pied de la gare par des bergers allemands tenus en laisse par des fonctionnaires portant avec classe de beaux uniformes noirs et je me dépêche à pied pour retrouver le site du festival, grognant et pestant, dénigrant vieilles pierres, vignes, vaches, veaux, cochons, crémière, tout ! Grrr.

Oh, God, why have you forsaken me? (photo : Rastignac)

Bon, je ne loupe pas The Wounded Kings, et comme dirait gutsofdarkness : "D O O O O O M". Breaks pachydermes. Mélodies tradition pur beurre. Le rock comme je l'aime. Passion à l'unisson. Doom parfait. Voili. Curieux je suis, je me déplace donc vers la scène hardcore (au coin la tronche plastoc d'Ace Frehley sur un écran géant), et je vais voir Merauder pour la première fois de ma vie : metalcore originel, bourrin, puissant, revendicatif, super cool sous le cagnard, un pichet de pinard à la main se réchauffant à la vitesse grand V comme ma peau qui tournera vite à l'orange puis au rose - le soleil de l'Atlantique tape quand même pas mal, d'ailleurs aucune pluie, météo parfaite, pas trop chaud, pas trop froid, l'enfer était bien tempéré cette année. La fatigue me reprend vite mais j'essaye de me ressusciter tout seul devant le speed metal d'Onslaught, carré, fendard, le metal qui fait boire, qui fait camper, qui fait bouger le corps. Pas vraiment comme Mutiilation sur la scène d'à côté. Je reste scotché devant le jeu de scène de Meyhna'ch et d'Azk.6 recruté pour l'occasion, beaucoup moins sur les autres membres... en fait le line-up semble vraiment étrange avec un guitariste très bon côté jardin mais au look et au jeu de scène particulièrement hardcore et décalé (le t-shirt NWA, lol), et deux gars côté cour qui jouaient la chose de manière très scolaire... sans donc éclabousser la présence réellement malsaine de ce chanteur historique du black metal à la françoise... je suis bien hypnotisé alors que pleins de mecs se barrent autour de moi dont un en faisant des gros doigts... j'imagine que je vais lire des commentaires assassins sur ce groupe et son incarnation actuelle vu déjà l'aura qui traine sur le net mais j'ai pour ma part été ultra scotché par ce live d'une puissance occulte indéniable, conclu par un "Destroy your Life for Satan" vraiment pousse-au-suicide et dominateur sur un public prompt à reprendre n'importe quel slogan.

Keskonfé ensuite ? Ben on a mal aux cannes, on souffle, je me repose et me traine devant Coffins où je vais finir dans la pelouse alors que mes comparses headbanguaient comme des fadas. Très old school, T-shirt Grave à l'appui, très cool Coffins, pas original, mais bon élève 19/20 vieux death à la japonaise. Et là, la fatigue et les excès de la veille me submergèrent, malgré plusieurs groupes alléchants ensuite, enfin... à discuter... je n'aime pas le nouvel album de Faith no More - je n'irais voir Mayhem que pour des morceaux datant de 20 ans - Body Count, lisez ma chronique de son live de 1993 - ZZ Top ne m'hérisse pas grand chose, Scorpions faut arrêter, Venom aussi, Killing Joke déjà vu, mais peut-être le seul véritable regret, etc. Enfin, tout ça pour dire que je n'étais pas venu forcément pour ces Énormes têtes d'affiche bankable et en préretraite style Judas Priest, notamment après la mauvaise expérience de voir Lemmy chancelant comme ça... le rock est un truc de jeunes quand même, aussi, non ? Allez, retour au bercail après une course taxi bien onéreuse...

J3 : Dragon Time

Dimanche, journée du renouveau ! Journée de la forme, du second souffle ! Cette fois je ne me fais pas avoir et chope un des premiers trains, j'arrive nickel, personne à Clisson, pas de gendarmes, pas de chiens, un taxi qui me prend, allez, c'est parti mon kiki ! Je retrouve ma compagnie dans un camping de la désolation : voir des milliers de gens trainer leur gueule de bois au petit matin réjouit le fan en moi de films de zombies. Et cette fois, c'est décidé, Rasti va mettre une pétée au Hellfest, du matin au soir, pas question de faire le faible aujourd'hui ! Le temps de se trainer et on rate Iron Reagan - enfin, on croit, on ne savait plus si c'était déprogrammé ou non, stupéfiants au goulot à neuf heures, mes neurones quel malheur ! J'allais oublier Lost Society, groupe de crossover ultra rétrograde et traditionnaliste, remerciant Dieu à tout bout de chant mais très fun à regarder sur la main stage. On regarde ensuite Birds in Row. Et là je me dis : "ben tiens, voilà, ce n'est définitivement plus le Furyfest"... il y a quelques années des groupes de cette scène était bien plus nombreux, la sauce metal / punk était bien plus touillée... si vous voulez mon avis, en fait, j'ai très peu visité les main stages, et ce n'est pas la première fois que ça me le fait au Hellfest... je n'aime pas essayer de distinguer le chapeau du chanteur agglutiné au milieu d'une énorme foule, à jouer des coudes pour regarder jouer un énorme groupe souvent vieillissant et rutilant... les gros ne sont définitivement pas ma came. Alors même si je n'écoute pas du Birds in Row au ptit déj, j'ai trouvé leur attitude très hardcore rafraichissante - et ça avoine sec. Sous le soleil. Des bières à la main.

la roue tourne (photo : chog)

On traine ensuite, on regarde Tribulation du coin de l’œil sans grand intérêt, intérêt idem pour The Great Old Ones (tout pour Lovecraft), puis je me cale bien tranquille pour savourer 40 minutes de SUP virtuose, froid, précis, performant, beau, prenant, un des meilleurs groupes de death français, carré de chez cubique, leçon d'attitude, tout en restant très proche et respectueux de son public. Merci ! Je me traine ensuite devant Off! pour voir une autre légende vivante du punk hardcore alias Keith Morris (Black Flag ? Circle Jerks ? ça vous dit kekchose ?). Pareil, merci, c'est tout. Bonne humeur. Punk à l'ancienne. Mélodies et hargne. Lucidité et charme. Un autre concert de ce festival devant un autre parterre clairsemé de la "Warzone"... je crois d'ailleurs que la plupart des concerts que j'ai appréciés furent ceux qui se passèrent devant peu de public, tranquille, en toute intimité. Avec un de mes héros en forme sur scène - très tonton, aux petits soins avec son public, à lui rappeler de "bien s'hydrater". C'est important, car je chauffe vraiment là, je commence à me recouvrir de la tête au pied de capuche, chapeau et lunettes, mieux vaut la sueur que le barbecue solaire !

Je snobe ensuite des groupes pour d'autres croque röstis - j'ai dû bouffer deux kilos de ces trucs gras - et une autre claque avec le sludge de Weedeater. Imparable, important, sans fioritures, immense - la comparaison avec le set d'Eyehategod est fatale : la bande de Dixie leur met la misère. Leurs nouveaux morceaux transportent les foules, alors que ceux d'EHG ramollissent le public. Alors oui, ils joueront Sister Fucker, etc. mais ça fait bien plouf, un peu comme la dernière fois que je les avais vus au Raymond Bar de Clermont (peu de temps avant la mort du batteur originel) : bonne forme mentale, pas de forme physique, pas vraiment d'entrain ni d'attitude destroy, comme l'impression d'un groupe qui s'est professionnalisé dans le mauvais sens du terme. Alors que Weedeater... un doigt dans la bouteille je te retourne la salle, à poil, tranquille, virtuosité clownesque du caniveau sludge. Génies.

Je me dis ensuite : "tiens, on n'en est pas à 1 km près". Je me balade donc, aperçoit le pathétique Max Cavalera et son Soulfly Conspiracy of the Sepultura nous jouer des morceaux de Chaos A.D., je découvre Alestorm qui déplace les foules, la salle ne contient plus le public, ils auraient dû jouer sur une "Main", mais je ne suis pas friand de la bourrée metal comme ça, enfin, je déteste ça quoi, donc je reste assez médusé devant la foule drainée devant ce gusse déguisé en pirate version "resto oh oh du dimanche pour les enfants", son clavier en main tel un Rick Astley des caraïbes... mais je me la fermai car à ce moment là, c'était "Rasti contre tous". Bouh le snobinard ! J'écoute aussi deux minutes trente de Wampas, complètement décalé dans cette programmation, à jouer son punk burlesque devant un parterre tatoué de têtes de mort et de logos Slayer... Bouh, tu t'adaptes pas ! Ben oui, et je me barre. Et je vais me taper une madeleine de Proust anthologique avec Life of Agony. Line-up de River Runs Red, au micro Keith devenu Mina Caputo il y a déjà quelques temps. Madeleine en barre je vous dis, émotion doom hardcore pop écorché, bain de public, amour à foison entre deux chansons sur le suicide, bisous entre deux riffs sabbath hardcore, Mina en forme splendide, le public de fan acquis (Cannibal Corpse qui joue au même moment, le public est clairsemé), et mon cœur fait boom en se déchirant tendrement à la mémoire de mes quinze ans et de ce groupe tellement à part, tellement bête de scène, généreux avec son public, content d'être de retour sur cette tournée en Europe. Splendide. Le Hellfest sait y faire avec les nostalgiques de toutes les générations : les anciens vont déchirer leur cœur sur Scorpions, les trentenaires/quadra sur Emperor l'année dernière ou Life of Agony cette année, bien vu.

Vue depuis la glandouille dans l'herbe (photo : Rastignac)

Ensuite, dilemme : At the Gates ou Saint Vitus ? Je sais que Scott Reagers officie au chant sur cette tournée, l'occasion fait le larron (ou jamais), donc hop, la valley que j'aurai encore bien squatté. Que dire ? Meilleur concert du festival ? Meilleur concert de Saint Vitus que j'ai eu l'occasion de voir du haut de mon jeune âge doomy ? Chandler est encore bien déf, mais c'est normal ! Les autres le soutiennent magistralement, et Reagers, Reagers, REAGERS ! LE DOOM. Le chanteur de Doom. La ganache du doom. D'un fun incroyable, T-shirt Crowbar ou Pentagram sur le bide (Old School/New School), la voix au taquet, des chansons magnifiques (Dark World, One Mind (raaaah), Born too Late, Saint Vitus, Burial at Sea, Zombie Hunger, White Magic/Black Magic, War is our Destiny, White Stallions... parfait!), une interprétation révélant encore plus la démoniaquerie TOTALE de cette musique que lors des interprétations de Wino je trouve, au final, en live. Les ballons blanc et rouge rigolos à la fin du concert, ovation à M. Reagers, tout le monde à genoux, cérémonie intense. Je flotte à ce moment-là, mon deuxième souffle se transforme en haleine de DRAAAAGON!

Les gens sont de plus en plus déglingués autour de moi, et ce concert m'a achevé... je rampe jusqu'au set du Superjoint Ritual alors que Triptykon joue ses notes basses qui m'ennuient.... Superjoint s'avérera d'une brutalité phénoménale, avec des riffs et une attitude que j'aurais bien voulu entendre sur le set d'Eyehategod... Anselmo a l'air d'encore plus souffrir que moi, et ça fait du bien aussi non ? De voir des stars arriver sans fard devant leur public, le tshirt DsO tout dégueu sur le bide, le dos qui craque, la voix toute fatiguée ? Halte au botox : je kifferai toujours plus un Dave Chandler qui se plante de mesure à un Slash tout toc comme j'ai pu voir, jusqu'à pré-extinction toutefois, quand même (cf. Lemmy, encore...). Bon, de toute façon, je suis à l'agonie, je raccompagne los compañeros à leurs tentes de l'enfer et je retrouve un système de rapatriement en bus assez chaotique, avec prises de chou violentes entre chauffeurs (évidemment, les accès sont étroits, et les véhicules nombreux). Après une traversée infernale de la campagne jusqu'à Nantes en compagnie d'un troupeau international de métalleux baignant dans leur jus je trouve par miracle un taxi abandonné et intense niveau kilomètres / heure pour m'évanouir dans mon pieu à 4h du matin avant de repartir faire le pied de grues dans deux aéroports différents...

Hellfest ?

Ben, oui, alors, quoi ? Hellfest ? Et bien un festival dont l'affiche malgré mon attrait mineur envers cette ribambelle de méga-groupes reste alléchante, qui m'a laissé plein de bons souvenirs, un festival cure, une purge de jouvence, de kif, de bonne humeur, de camaraderie virile. Festival des corps nus, tatoués, de tous les genres, ce lieu, malgré tout le côté mercantiliste de la chose et l'invasion des "enterrements de vie de garçon banane truc débile" au milieu de trucs trve depression satan crée une gigantesque pompe à passions esthétiques, érotiques et émotionnelles. Alors même si on se trimballe avec une puce au poignet pendant trois jours, même s'il y a des condés partout, même si on a l'impression parfois d'être envahi par la pub et les débilos de service qui se croient à la fête à la saucisse et bien je me suis trainé pendant ces trois jours avec un méga sourire sur la gueule. Et ça fait du bien. Donc vive le metal ! Vive l'amovr ! Vive la haine, le soleil et la poussière, la bière et le black metal, la fume et le doom, le camping et les croque jambons. Et que vive donc le Hellfest.

Mots clés : hellfest, clisson, festival, metal, hardcore et nantes

Dernière mise à jour du document : jeudi 15 octobre 2015

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